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  • Ce qu'on appelle union, dans un corps politique, est une chose très équivoque; la vraie est une union d'harmonie, qui fait que toutes les parties, quelques opposées qu'elles nous paraissent, concourent au bien général de la société...Jean Bertin L.L
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29 mars 2008

Mgr Monsengwo: « Un sursaut national est nécessaire »

SunsetS’adressant aux acteurs politiques catholiques-Mgr Monsengwo: « Un sursaut national est nécessaire »
(Le Potentiel 29/03/2008) 


« Morale et politique », c’est le thème choisi par Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa et président de la Conférence épiscopale du Congo (Cenco), pour marquer l’ouverture du deuxième atelier des acteurs politiques catholiques, organisé du 28 au 30 mars au Centre catholique Béthanie de la Gombe. Le prélat catholique n’est pas allé par quatre chemins pour décrire les grands maux qui rongent la société congolaise. De même, il s’est interrogé sur le sens de l’action publique. Car, selon lui, « les pouvoirs publics n’ont de sens que si leur action assure le bien commun de la société (…). C’est dire que les pouvoirs publics qui ne se soucieraient pas du bien commun ou qui se contenteraient de s’occuper des affaires privées des gouvernants est un pouvoir sans objet, un pouvoir irresponsable, un pouvoir politique inutile, car il est une contradiction dans les termes ». Mgr Monsengwo s’insurge donc contre une perte, à l’échelle nationale, des valeurs, celles sur lesquelles les dirigeants politiques devaient s’appuyer pour faire le bonheur du peuple congolais. Constat du prélat : la RDC a perdu ce qu’elle a de plus précieux, sa dignité fondée sur un certain nombre de valeurs. « Ces valeurs de société (…) constituent un socle susceptible de porter un Etat de droit pluraliste. Pour avoir oublié ces valeurs d’excellence, la société congolaise est actuellement aux prises avec des anti-valeurs innommables ». Face à ce tableau sombre, Mgr Monsengwo appelle les acteurs politiques congolais – catholiques en premier – de s’élever pour sauver la Nation qui se meurt, pense-t-il. « Un sursaut national est nécessaire », lance l’archevêque de Kinshasa. C’est sur ce sursaut collectif que se cache, estime le prélat, l’avenir du pays. La refondation de la Nation congolaise passe également par là.

Deuxième atelier national des acteurs politiques catholiques Conférence d’ouverture de Son Excellence L. Monsengwo Pasinya

Morale et politique

0.0. Introduction

0.1. Je suis heureux de saluer au nom de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et au mien propre les participants au présent congrès destiné à traiter du rhème de « Morale et politique », thème aussi intéressant qu’utile et opportun: intéressant, parce qu’il permet de clarifier certaines notions fondamentales en théologie, en philosophie et dans la doctrine sociale de l’Eglise; utile parce que susceptible d’aider nos hommes politiques chrétiens à intérioriser leur responsabilité devant Dieu dans la gestion de la chose politique; opportun enfin, eu égard à son incidence pratique dans la quête de l’Etat de droit en ce début de la Troisième République’. .

0.2. Je remercie les organisateurs de ce congrès pour m’avoir fait la joie et le plaisir de m’adresser à cette auguste assemblée, à qui je souhaite plein succès dans ses travaux.

0.3. Mon propos émettra rapidement quelques considérations sur le thème sous examen pour les verser dans le débat.

1.0. La morale

1.1. Les saintes Ecritures nous enseignent que Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance. Il les créa homme et femme (cf. Gn 1,26-27). L’examen du texte montre d’emblée que Dieu a créé l’homme comme un être sociable. 1.2. Ils sont homme et femme pour assurer la pérennité du genre humain, c’est-à-­dire pour perpétuer l’œuvre créatrice de Dieu, en ce qui concerne l’humanité. « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre » (Gn 1,28), dit le Seigneur. 1.3. Ils sont homme et femme aussi pour vivre ensemble et constituer le noyau de base sinon le modèle de la société: « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et il deviendront une seule chair» (Gn 2,24). 1.4 Mais la création de l’homme à l’image de Dieu et à sa ressemblance comporte une caractéristique qui différencie l’homme de la bête. L’image et la ressemblance de Dieu font de l’homme un être doué d’intelligence (orthoslogos - droite raison) et de volonté (liberté - libre arbitre). Par sa volonté, l’être humain choisit librement et non par déterminisme ce que son Intelligence luI présente comme étant bon De ce fait, Dieu a créé l’homme capable de discernement entre le bief) et le mal.

1.5 Pour que ce discernement soit possible, Dieu a mis au cœur de l’homme une loi la loi naturelle (Rom 1,18-23), qu’il ne faut pas confondre avec la 101 de la nature Celle-ci est la loi selon laquelle les créatures sont régies conformément à leur nature particulière. Le discernement entre le bien et le mal est opéré par la conscience, qui de ce fait, si elle est correctement Informée et éclairée est la dernière instance et norme de décision pour l’homme. 1.6 Mais parler de discernement entre le bien et le mal, de liberté, de loi et de libre arbitre, c’est affirmer du coup qu’il existe des critères de moralité, c’est-à-dire des principes qui définissent le bien et le mal Par voie de conséquence, c’est affirmer que l’homme est un être moral, dont les actes libres et volontaires, sUivant leur nature, sont bons, mauvais ou indifférents, conformément à la loi le principe ou la norme de référence. 1.7 Aucun acte humain de la personne, i.e. acte libre et volontaire et dès lois responsables, ne peut échapper à la moralité. Tout acte humain est moral il ne s’agit pas d’une question de « règle du jeu », mais de la loi qui détermine la bonté ou la malice d’un acte, d’une activité Lorsque cette loi est tirée de la divine révélation (théologie) on parle de préférence de « morale ». Lorsqu’elle provient de la raison (philosophie), on parle d’éthique. Par ailleurs la morale implique un ensemble de normes universelles qui concernent tout l’agir humain tandis que l’éthique se réfère souvent à des normes sectorielles, a une déontologie.

2.0. Politique

2.1 La dimension politique de l’homme découle précisément de sa nature sociable mentionnée ci-avant La politique (de poils, la cité) est « l’art noble de gérer la chose publique (Res Pub/Ica). Le Concile Vatican Il l’appelle un art, pour signifier que la gestion de la cité ne se fait pas au petit bonheur elle a des règles et suppose une expertise et certaines qualités et charismes nécessaires à sa réussite Cet art est noble, parce qu’il a pour objet le bien commun et qu’elle Implique un coefficient élevé de vertus

2.2 On ne peut donc parler de politique que s’il existe une communauté humaine plus étendue que le noyau familial. La politique (de polis, cité) a pour objet la vie publique des hommes. Elle entraîne avec soi les concepts d’autorité et de pouvoir public qui, eux-mêmes, dérivent des deux caractéristiques de l’homme que sont la liberté et la droite raison. Parce que l’homme est doué d’Intelligence et de liberté et que, dès lors, une pensée et une vision plurielles les fins des défis et des enjeux de l’action politique sont légitimes II est nécessaire qu’une force supérieure, une autorité morale puissent canaliser les énergies de tous(tes) vers la poursuite du bien commun’ sinon la communauté des hommes verserait dans l’anarchie (cf. Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, n. 393).

2.3 Le pouvoir public n’a de sens que si son action assure le bien commun de la société, c’est-à-dire l’ensemble des conditions qui permettent à chaque membre de la communauté d’accéder à un développement intégral qui dépasse ses efforts personnels C’est dire qu’un pouvoir public qui ne se soucierait pas du bien commun ou qui se contenterait de s’occuper des affaires privées des gouvernants est un pouvoir sans objet, un pouvoir irresponsable, un pouvoir politique Inutile, car il est une contradiction dans les termes On ne peut « faire de la politique» sans gérer la chose publique au bénéfice du peuple, de quI les gouvernants détiennent le pouvoir dans un Etat de droit « La communauté politique trouve dans la référence au peuple sa dimenSion authentique» \ Compendium, n. 365)

2.4 Tels sont les principes de la doctrine sociale de l’Eglise, dans la vie publique la dignité de la personne humaine, le bien commun, la destination universelle des biens de la terre, la subsidiarité, la solidarité, en vue d’une croissance commune des hommes. Tout cela est articulé autour des quatre piliers de toute communauté politique la vérité, la liberté, la justice, la chanté

3.0 Conclusion: morale et politique

3.1 Les considérations émises Jusqu’à présent nous permettent de mieux saisir les rapports existant entre politique et morale. Une première évidence est que la politique n’échappe pas à la morale, Etant constituée d’un ensemble d’actions dont dépend 1a vie de la communauté, l’homme politique accomplit des actes humains, volontaires et responsables dont la malice ou la bonté sont évidentes au regard de la loi naturelle et de la loi morale

3.2 Une deuxième évidence est que les acteurs politiques répondent de leurs actes non seulement devant \e peuple de qui ils reçoivent immédiatement le mandat, mais aussi et surtout devant le créateur des hommes et par ricochet de la société. En effet, «la communauté politique découle de. la nature des personnes, dont la conscience leur révèle et leur enjoint de respecter l’ordre Inscrit par Dieu dans toutes ses créatures, un ordre moral et religieux quI, plus que toute valeur matérielle, influe sur les orientations et les solutions à donner aux problèmes de la vie individuelle et sociale, à l’intérieur des communautés nationales et dans leurs rapports mutuels» (Compendium, n. 384)

3.3 Enfin, il faut affirmer que la loi positive, y compris la loi suprême ou Constitution, tire véritablement sa force contraignante de la loi naturelle et de la loi divine, révélée en Jésus Christ. Lorsqu’elle s’en écarte, la loi positive des nations risque d’être arbitraire et donner lieu au droit de résister et à l’abject/on de conscience Le chrétien engagé en politique doit donc lutter par les voies du droit, pour que la vie politique promeuve les valeurs humaines et culturelles authentiques, afin de faciliter dans la société la pratique de la vertu A ce propos, l’on a un peu vite oublié que le peuple congolais a opté pour un corps de valeurs cohérent pendant la Conférence nationale souveraine (CNS). Un peuple sans mémoire risque d’être un peuple sans histoire, parce qu’un peuple sans essences historiques. 3.4. Ces valeurs de société de la CNS constituent un socle susceptible de porter un Etat de droit pluraliste. Pour avoir oublié ces valeurs d’excellence, la société congolaise est actuellement ?UX prises avec des anti-valeurs innommables Un sursaut national est nécessaire

Je confie ces réflexions à Vos débats et délibérations, tandis que je souhaite plein succès à vos travaux.

Je déclare ouverts les travaux du 2e atelier national des hommes politiques catholiques.

+ L. MONSENGWO PASINY A Archevêque de Kinshasa Président de la CENCO


Par Le Potentiel


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