La presse congolaise n’est pas habituée à le voir à l’affiche des débats télévisés. C’est pourtant à cet exercice qu’Evariste Boshab a accepté de se soumettre le vendredi 7 août dernier sur Télé 50, lors de l’émission JMK Today de Jean-Marie Kasamba, et à Molière Tv en lingala, dans le patois des Kinois. En vedette, celui que d’aucuns ont connu comme directeur de cabinet du Chef de l’Etat, président de l’Assemblée nationale et Secrétaire général du PPRD, avant de passer aux commandes du ministère de l’Intérieur, a dégainé sans peine face à la tornade d’accusations portées contre lui.

A toutes les questions brûlantes d’actualité, le Vice-Premier ministre a tenu à répondre point par point, en brandissant des arguments tirés essentiellement de la Constitution du 18 février 2006. Conscient de critiques acerbes de l’Opposition politique, Evariste Boshab a bien voulu répliquer par des arguments de raison, déterminé certes à faire une mise au point digne d’un vrai légaliste.

Quid du découpage ?

Vous avez dit découpage ? Une astuce pour retarder le processus électoral et conduire inexorablement au « glissement tant redouté » ? Le Vice-Premier ministre rétorque au micro de Télé 50 : « Ce que certains appellent découpage à tort n’en est pas un. Il s’agit plutôt d’une réforme administrative de la territoriale, conforme aux résolutions du Dialogue de Sun City et à la Constitution votée par referendum par le peuple souverain, qui a prévu le passage à 26 provinces, trois ans après l’installation du Sénat ».

Pour le ministre de l’Intérieur, la mise en œuvre en cours de la loi de programmation des nouvelles provinces estBEL et bien l’initiative du chef de l’Etat. "Le Président de la République et son Gouvernement sont en train d’exécuter la volonté du Législateur, coulée dans la Constitution. Ils exécutent la décision du peuple souverain qui a voté cette Constitution par référendum", a clamé Evariste Boshab, soutenant mordicus que le chef de l’Etat tient au strict respect de la Loi fondamentale, conformément à l’article 69.

Une démarche conforme à la constitution

C’est d’ailleurs dans cette optique que le numéro un de l’Intérieur dévoile au grand public la finalité de la réforme administrative de la territoriale : renforcer le pouvoir des décisions des anciens districts aujourd’hui devenus des provinces, rapprocher l’administration des administrés, créer une dynamique de développement à la base, préparer la RDC de demain, aider le pays à faire partie de grands ensembles.

Le Vice-Premier ministre brandit, à cet effet, l’article 2 de la Constitution qui stipule effectivement que la RDC est constituée de la ville de Kinshasa et de 25 provincesDOTÉES de la personnalité juridique. Et quand on lui demande d’expliquer pourquoi il a jugé utile de publier le chronogramme d’installation de nouvelles provinces en lieu et place de la CENI, Evariste Boshab lève l’équivoque. 
"En tant que gouvernement, martèle-t-il, il nous appartient de mettre en œuvre la Loi d’installation et de programmation de nouvelles provinces, en tenant compte du délai de 120 jours accordé par le Législateur. Il ne s’est pas agi d’usurper les compétences de la CENI, parce que j’ai écrit à ses animateurs pour qu’ils organisent les élections des gouverneurs. Ceci dit, pas question de demander à la CENI de conduire aussi le processus de désignation des membres des bureaux provisoires et des bureaux définitifs des Assemblées provinciales. Aucune loi ne le dit".

Le droit au vote de nouveaux majeurs

Dans tous ses propos, Evariste Boshab s’est attelé à démontrer que le Magistrat suprême et l’Exécutif s’emploient à agir conformément à la Loi, leur initiative, en l’occurrence la réforme administrative en cours, étant tout à fait désintéressée. Il rejette, dès lors, les procès d’intention que l’Opposition leur impute, précisément à propos de la réforme et de l’enrôlement de nouveaux majeurs. Enrôlement que les décideurs voulaient intégrer dans le projet de révision de la loi électorale, recalé en janvier dernier du fait des suspicions de l’Opposition.

L’ancien président de la Chambre basse a reproché à cet effet aux opposants leur manque d’anticipation. Il les a conviés à reconnaître le mérite du Gouvernement, dans la mesure où la cause de nouveaux majeurs est devenue une cause nationale et qu’il faut donc leur faire droit. 



Le glissement ? Un procès d’intention

Evariste Boshab a, par ailleurs, tenu à jouer au funambule face aux chantres du « glissement ». Alors que le Vice-Premier ministre examine le processus électoral, du ressort de la CENI, qui, selon des projections indépendantes, pourrait osciller entre trois et six mois, il est invité à répliquer à ses pourfendeurs de l’Opposition qui crient à tue-tête que « le découpage est destiné à préparer le glissement ».

« Encore un procès d’intention de la part de ceux qui pensent que le Président doit se prononcer sur ce sujet, alors que son mandat est en cours », fustige Evariste Boshab. Balayant d’un revers de main tout projet de glissement de la part de la Majorité à laquelle il appartient, le patron de l’Intérieur a toutefois lâché que le glissement est consacré par le Législateur.

Il est, en fait, concrètement établi que le mandat de chaque institution expire à l’installation de la nouvelle institution correspondante, argumente-t-il. C’est dans ce cadre que le Sénat et les Assemblées provinciales restent en place depuis 2006, faute d’une nouvelle Chambre haute et de nouveaux organes délibérants au niveau des provinces, reconnait-il. Pas étonnant qu’une telle situation se reproduise avec le président de la République et l’Assemblée nationale au cas où la CENI, l’organe constitutionnel habilité à organiser les élections, ne serait pas dans le délai !

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