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  • Ce qu'on appelle union, dans un corps politique, est une chose très équivoque; la vraie est une union d'harmonie, qui fait que toutes les parties, quelques opposées qu'elles nous paraissent, concourent au bien général de la société...Jean Bertin L.L
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28 mars 2008

Terrorisme est-il Une théorie politique ou Une abstraction conceptuelle Quid?

Terrorisme: le mot a-t-il perdu sa signification?

Definition:

Le mot terrorisme, Selon le Petit Robert, est l'emploi systématique de mesures d'exception, de violence pour atteindre un but.

Terrorisme est-il Une théorie politique ou Une abstraction conceptuelle Quid?

Une abstraction conceptuelle... C’est ce que demeure le terrorisme, la « communauté internationale » n’ayant pas réussi à lui attribuer une définition. Dès 1937, la Société des nations (SDN) échoua à adopter une convention pour sa prévention et sa répression faute d’un accord entre les Etats membres. Pour la même raison, l’Organisation des Nations unies (ONU), malgré une multitude de débats qui se sont déroulés tout au long de ses soixante ans d’existence, n’a pu déterminer sa nature. Plus récemment, lors de sa création en 1998, la Cour pénale internationale (CPI) a dû exclure de ses compétences le terrorisme international bien qu’elle soit chargée de sanctionner un large éventail de crimes, y compris celui de génocide.

Il n’en demeure pas moins que le thème a envahi la presse écrite et audiovisuelle ; des systèmes répressifs ont été instaurés dans nombre d’Etats sous prétexte de résister à une menace jugée existentielle. Rarement dans l’histoire de l’édition autant de livres, érudits ou non, ont été consacrés à un phénomène qui a conduit à la « guerre » proclamée par le président George W. Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

Washington a de quoi se féliciter : d’innombrables Etats ont conclu avec les Etats-Unis des conventions de « coopération » que même la résistance au « communisme international » n’a pu susciter en son temps. Mieux, les Etats-Unis ont pu rallier à leur cause la Russie et l’Union européenne et renforcer avec elles leur collaboration dans la « guerre contre le terrorisme », même s’il s’agit là davantage d’une convergence d’intérêts que d’un véritable consensus.

Il n’y a pas si longtemps, aux Etats-Unis, un conférencier devait éviter d’analyser les causes politiques et sociales de la violence, de crainte d’être soupçonné de justifier le terrorisme. L’oukase officiel exigeait que l’on considère la planète comme menacée par la haine irrationnelle de la démocratie. Politologues et journalistes évitaient prudemment de s’engager à contre-courant. Cependant, la vague de contestation qui déferle, à la suite des scandales qui éclaboussent l’administration Bush, balaye progressivement les tabous et les idées reçues, comme en témoignent plusieurs œuvres parues récemment. Elles ne justifient pas le terrorisme, elles analysent ses causes et suggèrent des remèdes.

Auteur de plusieurs livres consacrés aux conflits mondiaux, Matthew Carr prend, avec son livre Unknown Soldiers, le contre-pied des néo-conservateurs en démontrant que le terrorisme n’est rien d’autre que la politique servie (ou desservie), exclusivement ou non, par la violence. Il banalise le phénomène en rappelant les attentats, les assassinats commis au XIXe siècle en Russie par des organisations qui se réclamaient de la révolution française de 1789, ainsi que par les anarchistes des deux côtés de l’Atlantique, en France notamment, en réponse au massacre des communards en 1870. Au siècle dernier, la folie meurtrière embrase les Balkans (1900-1913), l’Irlande du Nord à partir de 1919, les pays colonisés qui se soulèvent contre les puissances occupantes.

Ces dernières justifient le déchaînement de leurs sanglantes répressions en diabolisant des combattants de la liberté. Carr rappelle que ces « terroristes » ont été qualifiés par leurs oppresseurs de bandits, de criminels de droit commun, d’êtres malfaisants, de monstres, de serpents, de vermine... Un exemple parmi tant d’autres, les Mau-Mau au Kenya étaient présentés dans les années 1950 par l’administration et les colons britanniques comme des membres d’une « secte démoniaque », tandis que le très respectable New York Times expliquait doctement le soulèvement kenyan par « les frustrations d’un peuple de sauvages (...) incapable de s’adapter aux progrès de la civilisation ». Les chiffres officiels indiquèrent ultérieurement que ceux que l’on accusait d’être « assoiffés de sang » tuèrent en réalité, pendant les sept ans qu’a duré le soulèvement, trente-deux colons et cent soixante-sept membres des forces de l’ordre, dont cent un Africains ; en revanche, plus de vingt-mille Mau-Mau ont été massacrés par les forces de sécurité, et plusieurs centaines de milliers de Kenyans ont été blessés, mutilés, chassés de leurs foyers. Carr, qui évoque entre autres le cas algérien, rappelle que tous les conflits coloniaux ont trouvé leur épilogue par l’accession au pouvoir de leaders « terroristes » : Jomo Kenyatta au Kenya, M. Nelson Mandela en Afrique du Sud, M. Ahmed Ben Bella en Algérie, Menahem Begin en Israël, Anouar El-Sadate en Egypte, pour ne citer que ceux-là.

Pour les pouvoirs établis, les terroristes n’ont jamais des motivations légitimes ; leurs frustrations tout autant que leurs revendications politiques ou sociales ne sont pas dignes d’être prises en considération (sauf sous la contrainte), leur recours à la violence n’étant que l’expression de leur « fanatisme » ou de leur « folie ». Carr rapporte à ce sujet que, dans les années 1970, les autorités ouest-allemandes retiraient les cerveaux des cadavres de membres de la bande à Baader pour déterminer les origines génétiques de leur mentalité criminelle. Un psychiatre allemand avait même réussi à « découvrir » un dysfonctionnement pathologique dans l’un des organes qu’il avait examinés...

D’autres théories ont été répandues par des intellectuels américains de haut vol : Samuel Huntington, professeur de science politique à l’université Harvard, prédit dès 1993 un « choc de civilisations » entre l’« Occident » et l’islam, tandis que l’historien Bernard Lewis explique, dès 1964, que la confrontation israélo-arabe s’explique par l’incapacité de l’islam à s’adapter à la modernité. Rien d’étonnant dès lors que Lewis devienne l’un des mentors les plus appréciés des néoconservateurs et des ultrasionistes américains.

Plus on agit suivant la raison, plus on est libre (Leibniz)

Source: le monde diplomatique

"Matthew Carr, Unknown Soldiers. How Terrorism Transformed the Modern World
Profile Books, Londres, 2006, 400 pages, 20 livres.

Phil Rees, Dining With Terrorists. Meetings With the World’s Most Wanted Militants,
Macmillan, Londres, 2005, 432 pages, 7,99 livres.

Lawrence Wright, The Looming Tower. Al-Qaeda and the Road to 9/11,
Knopf, New York, 2006, 480 pages, 27,95 dollars. Vient de paraître, en traduction française, aux éditions Robert Laffont, Paris, sous le titre La Guerre cachée, 20,90 euros.

Adrian Guelke, Terrorism and Global Disorder. Political Violence in the Contemporary World,
I. B. Tauris, Londres, 2006, 288 pages, 12,99 livres."

Plus on agit suivant la raison, plus on est libre (Leibniz)

JBL/peupleuniducongo

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