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  • Ce qu'on appelle union, dans un corps politique, est une chose très équivoque; la vraie est une union d'harmonie, qui fait que toutes les parties, quelques opposées qu'elles nous paraissent, concourent au bien général de la société...Jean Bertin L.L
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12 avril 2011

Gbagbo K.O. / Et maintenant que va faire Ouattara ?

(La Depêche.fr 12/04/2011)

Il s'essuie longuement le visage avec une serviette blanche. Comme un boxeur qui viendrait de perdre le dernier round. Puis il enfile une chemise propre. Et c'est comme si une page de l'histoire de la Côte d'Ivoire se tournait. Hier, la télé ivoirienne diffusait en boucle les images de Laurent Gbagbo, le président déchu, prisonnier dans une chambre de l'Hôtel du Golf, à Abidjan où il a été conduit après son arrestation. Des images étrangement privées de son.

Les événements se sont précipités hier matin. Et le doute demeure encore sur le rôle exact des forces françaises dans la dernière phase de l'assaut. Ont-elles arrêté elles-mêmes Laurent Gbagbo pour le remettre aux forces pro-Ouattara, comme l'affirment les partisans de l'ex-président déchu ? Ou bien sont-elles venues simplement en appui au moment où les troupes du président élu donnaient l'assaut du bunker ? C'est en tout cas la version de la diplomatie française.

Quoi qu'il en soit, vers 15 heures, tombait l'information selon laquelle Gbagbo et son épouse avaient été arrêtés.

Youssoufou Bamba, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire auprès de l'ONU assure que Laurent Gbagbo sera jugé. « Il est en vie et en bonne santé et sera présenté devant la justice pour les crimes qu'il a commis ». Le ministre de l'Intérieur français Claude Guéant est l'un des premiers à réagir : « Après les malheurs qui ont frappé ce pays, il va enfin connaître la paix et un regain d'essor économique. Il le mérite ». La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a invité tous les Ivoiriens à contribuer à bâtir un avenir pacifique. L'annonce de cette arrestation a été accueillie par des cris de joie dans certains quartiers de la ville. Et l'on se prend à espérer que le pays va enfin pouvoir retrouver le calme, après des mois d'agitation de plus en plus meurtrière.

Mais rien n'est gagné, car si Gbagbo est désormais entre les mains de son éternel rival, il conserve de solides appuis, notamment chez les jeunes, avec des fanatiques dont tous ne seront pas forcément prêts à rendre les armes. L'élection présidentielle, si elle a été gagnée par Ouattara, s'est malgré tout jouée dans un mouchoir de poche. Et le pays reste profondément divisé et meurtri. Des tensions qui se sont exacerbées ces derniers jours, avec des combats sans merci au cœur de la capitale économique du pays, Abidjan.

L'Onuci et la force Licorne auront certainement encore fort à faire dans les semaines à venir pour maintenir le calme. Hier soir, s'adresant solennellement à la nation, Alassane Ouattara a appelé les Ivoiriens à « s'abstenir de tout acte de représailles ou de violences », réitérant sa « volonté » de créer une « commission vérité et réconciliation » pour faire la lumière sur les violations des droits de l'Homme.


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Le chiffre : 1000
morts > Depuis le début des violences. Elles ont débuté au mois de novembre dernier, après l'élection présidentielle.

« Je m'adresse solennellement aux militaires, je vous lance un dernier appel au ralliement. Il ne peut y avoir de chasse à l'homme. » Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara


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portrait
Il avait le culte de l'opposition
Laurent Gbagbo estime-t-il aujourd'hui avoir perdu la guerre ? Ou juste une bataille ? Car ce qui caractérise cet homme, c'est bien une incroyable ténacité, une obstination qui l'a propulsé dans une sanglante fuite en avant. En jeu sa foi aussi, avec sans doute la conviction mystique d'être un instrument de Dieu. Au bout du compte, un aveuglement, car le destin de Laurent Gbagbo aurait pu être tout autre, peut-être même celui d'un vrai libérateur. Car pendant de longues années, cet universitaire, professeur d'histoire a été le principal opposant de Félix Houphouët-Boigny, le « père de la nation ». Un père profondément autoritaire, mais à qui la France faisait une confiance totale, comme elle le faisait du reste, à d'autres autocrates africains. Dès ses jeunes années, Gbagbo manifeste contre « le Vieux », ce qui lui vaut d'être emprisonné, de connaître les exaltations et les vicissitudes de la clandestinité. Pour beaucoup d'opposants ivoiriens, il représente une alternative face à l'oligarchie corrompue en place. Il lui faudra s'exiler en France, avant de revenir en Côte d'Ivoire, s'opposer de nouveau à Houphouët-Boigny, qui en avait fait en quelque sorte, son meilleur ennemi. En 2000, il parviendra enfin à conquérir le pouvoir. Mais rien ne va. Le prof d'histoire est un piètre président qui a oublié les grands principes du militant. En 2002 éclate une rébellion au nord, pilotée par… Alassane Ouattara. En dix ans, la Côte d'Ivoire qui était l'un des états d'Afrique les plus stables, dégringole. Gbagbo accuse l'Occident en général et la France en particulier, qui déjà avait fait pointer sa « Licorne ». Le mandat présidentiel est de cinq ans, mais son « règne » va durer quasiment onze ans. Et lorsqu'une élection présidentielle est finalement organisée, lorsqu'elle se déroule dans des conditions acceptables, c'est lui qui n'accepte pas le verdict des urnes, dans les circonstances que l'on connaît. Ce dernier baroud tourne en sa défaveur, malgré le soutien inconditionnel d'une poignée de fanatiques. Désormais, l'ancien professeur pourra méditer sur la place, inconfortable, qu'il laissera dans l'Histoire. Dominique Delpiroux


Côte d'Ivoire. Et maintenant que va faire Ouattara ?

Cette fois, c'est sûr, Alassane Ouattara a les mains libres. Hier, en procédant à l'arrestation de Laurent Gbagbo, le dernier verrou a sauté. Alassane Ouattara, 69 ans, élu président de la Côte d'Ivoire le 28 novembre 2010, se retrouve désormais en mesure d'exercer la plénitude de son pouvoir. Cela fait de nombreuses années que ce celui qui a obtenu un doctorat aux Etats-Unis attend ce moment. Cela dit, la tâche reste délicate pour le nouvel homme fort de ce pays déchiré. Entre ceux du Nord et ceux du Sud. Entre christianisme et islam. Ou bien, entre les étrangers et les autochtones. La crise identitaire est une réalité. La première mission d'Alassane Ouattara sera donc de réaliser une pacification durable. Et compte tenu des nombreuses exactions commises au cours des dernières semaines, la mission s'annonce périlleuse. Alassane Ouattara et les siens vont également devoir construire une armée nationale et désarmer la population. Sans oublier la remise à plat d'une économie qui est à l'agonie. La patience, il risque d'en avoir besoin au cours des prochains mois car les dossiers ne manquent pas. Selon de très nombreux spécialistes de la question, « le dénouement de la crise ivoirienne est non seulement stratégique pour le devenir des habitants de ce pays, mais il constitue également un exemple pour tout un continent qui connaîtra cette année une bonne vingtaine d'élections». Le 7 avril dernier, dans une allocution à la nation, Alassane Ouattar a assuré que «la Côte d'Ivoire est une et indivisible» et promis d'être le président «de tous les Ivoiriens». Pour Alassane Ouattara, il s'agit là d'un vrai défi. Et si le plus dur restait à faire ? J.-W.F.


Quel rôle a vraiment joué la France ?

Paris assure que la Licorne n'est pas entrée dans la résidence de Gbagbo./Photo Reuters Depuis hier, les responsables politiques veulent savoir. Quelle a été la mission de la France dans l'intervention militaire qui a permis l'arrestation de Laurent Gbagbo ? « Les forces spéciales françaises n'ont joué aucun rôle dans l'arrestation du président sortant de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo ». C'est le chef d'état-major des armées françaises, Édouard Guillaud, qui l'a confirmé hier en fin d'après-midi. Prié de répondre aux accusations des partisans de Laurent Gbagbo, qui affirment que ses forces ont été utilisées pour le déloger de sa résidence, il a répondu : « Elles n'ont joué aucun rôle particulier au cours des dernières heures ». Hier, en fin de matinée, le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, avait souhaité que le gouvernement « précise les conditions d'engagement de la force Licorne en Côte d'Ivoire », tout en répétant le soutien de son parti à cette opération. « La France a été une force d'appui », analyse Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), « l'ONU a fait appel à la France parce que nous avions des forces militaires sur place. Cette opération, ce n'est pas une initiative de notre pays », avant de préciser la mission : « Les bombardements ont permis de casser l'armement lourd dont disposaient les troupes de Gbagbo. Puis, nos soldats ont participé à l'encerclement. Ensuite, les combats se sont poursuivis au sol avant d'arriver à proximité de la résidence. L'arrestation a été réalisée les forces de Ouattara ».

La chute de Gbagbo était prévisible. « Laurent Gbagbo est resté longtemps en position de force », souligne ce spécialiste, « il a tenu parce qu'il était protégé sur le plan militaire. Par ailleurs, il avait de très nombreux alliés dans la capitale. Une bonne partie de la population était assez proche de lui. Cela dit, ce n'était plus tenable. Cette chute était inévitable », ajoute-t-il. « Sa survie est certainement liée à la présence de l'Onu et des Français. Si les forces de Ouattara avaient agi seules, je suis convaincu que l'arrestation de Gbagbo aurait pu être plus mouvementée ».

Quel peut-être le rôle des soldats français dans les prochaines semaines ?

« La présence de l'ONU devrait permettre de calmer le jeu. Nos soldats auront donc un rôle important à jouer sur place. Il y a toujours deux camps qui sont face à face. Et comme il y a eu de très nombreuses exactions, il y a fort à parier que dans les prochains jours on assiste à des règlements de comptes. Ce n'est pas parce que Ouattara s'est débarrassé de son principal adversaire que la partie est gagnée pour le nouveau président ».

Jean-Wilfrid Forquès Publié le 12/04/2011 07:42

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Chronologie
5 h 30 > tirs nourris. Toute la nuit, l'ONU et la France ont bombardé les abords de la résidence de Laurent Gbagbo.

10 h 00 > opérations au sol. Après de très nombreuses opérations menées par les hélicoptères, les opérations se sont poursuivies au sol. Objectif : encercler la résidence de l'ancien homme fort.

12 h 30 > encerclement de la résidence de Gbagbo. Ce sont les forces spéciales d'Alassane Ouattara qui ont arrêté l'ancien président et ses proches.

15 h 30 > mise en sécurité. Une porte-parole des forces d'Alassane Ouattara a affirmé que Gbagbo et son entourage avaient été placés en sécurité à l'hôtel du Golf.

16 h 00 > « Il va bien ». C'est l'ambassadeur de France à Abidjan qui l'a confirmé.

 

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