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14 janvier 2009

JEAN PIERRE BEMBA FACE A LA CPI: le procès de la gouvernance africaine


(Le Pays 14/01/2009) 


L’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), Jean Pierre Bemba Gombo, est sous les feux de l’actualité judiciaire internationale depuis le début de cette semaine. En effet, il est dans le prétoire de la Cour pénale internationale (CPI) basée à La Haye, au Pays-Bas, où se déroule depuis le 12 janvier 2009 ce que l’on appelle une audience de confirmation des charges.

Il s’agit d’une confrontation argumentée entre l’accusation et la défense à l’issue de laquelle les juges de la Cour décideront s’il y a lieu ou non d’ouvrir un procès contre l’homme politique congolais. Les faits ont pour noms, viols, tortures, traitements dégradants, pillages et meurtres (regroupés sous les termes génériques de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité) dont l’opposant et ses troupes sont accusés de s’en être rendus coupables entre 2002 et 2003 en République centrafricaine. Et cela à l’appel de l’ex-président de ce pays, Ange Félix Patassé, qui avait maille à partir avec une rébellion menée par un certain François Bozizé aujourd’hui au pouvoir à Bangui. La décision des juges n’interviendra pas, en principe, avant demain 15 janvier.

Mais confirmation des charges ou pas, on peut bien s’interroger sur la présence même du candidat malheureux à la dernière présidentielle congolaise à La Haye. En tout état de cause, l’inculpé Bemba vient allonger la liste des Africains pris dans les filets de la CPI. Une situation qui paraît étrange et qui a fini par nourrir le sentiment de justice sélective, de juridiction s’acharnant uniquement sur les Africains. On ne peut penser autrement au regard des cas de l’ancien président libérien, Charles Taylor, jugé à La Haye pour de graves violations des droits de l’homme lors du conflit chez le voisin sierra léonais.

Ou de celui du président soudanais, Omar El Béchir, objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour cause de génocide au Darfour. On ne passera pas sous silence la présence dans les geôles de La Haye de seigneurs de guerre comme Thomas Lubanga ou Germain Katanga. Veut-on faire croire par là que les Africains sont les champions des atrocités, de crimes de guerre et contre l’humanité ? Il suffit de voir ce qui se passe un peu partout dans le monde pour se convaincre du contraire. L’exemple immédiat et le plus illustratif est l’offensive israélienne dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas qui a déjà fait plus de 900 morts selon les chiffres officiels. Y a-t-il plus horrible et criminel que le bombardement aveugle des civils et même des abris dans lesquels ils se réfugient sans soins et sans vivres ?

Mais c’est une certitude qu’aucun responsable israélien ne sera inquiété par la CPI pour les pires crimes que son armée est en train de commettre une fois de plus contre les Palestiniens. Or, des personnes sont traquées pour moins que cela. Un autre exemple est le chaos créé par Bush en Irak qui a, contre vents et marées, envahi l’Irak sous le fallacieux prétexte que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive et aurait des relations avec l’organisation terroriste Al Qaida. Combien d’Irakiens ont perdu la vie depuis lors dans les attentats terroristes ou les bavures de l’armée américaine ? Ici aussi, on n’a pas vu la CPI bouger. Est-ce parce qu’elle n’est pas reconnue par les Américains ? Plus on est fort ou soutenu par une puissance, plus on peut tout se permettre dans ce monde sans crainte d’avoir à répondre un jour de ses actes devant la justice des hommes. Les Africains étant faibles ne peuvent se le permettre.

Mais il se trouve, il faut le concéder, que leurs pays sont ceux qui sont le plus en proie à des conflits nés la plupart du temps des contradictions entre les hommes politiques. Ces moments de confrontations armées sont, par nature, propices aux violations et exactions de toutes sortes pour lesquelles les victimes, une fois le conflit terminé, ont du mal à demander réparation au niveau national. Si elles ne trouvent pas les juridictions nationales à la solde des régimes, elles les suspectent tout bonnement d’être corrompues, donc pas en mesure de rendre une bonne justice. Le seul recours qui leur reste, ce sont les juridictions internationales. La gouvernance africaine doit être revue dans son ensemble pour éviter le recours à la violence pour régler les contradictions et garantir également aux citoyens la jouissance de leurs droits.

Peut-être que Jean Pierre Bemba ne serait pas aujourd’hui à La Haye s’il n’avait été obligé de s’exiler après sa brouille avec le pouvoir de Kinshasa et si justice avait été rendue au niveau sous-régional ou continental aux victimes de sa meurtrière équipée centrafricaine.


Par Séni DABO

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