Benin:

3 mai 2008

Le travail des enfants persiste au Bénin malgré l’arsenal juridique
(BeninInfo.com 02/05/2008)

La mise en place de plusieurs dispositions juridiques visant à protéger les enfants contre les pires formes de travail n’a toujours pas arrêté le phénomène au Bénin.

Dès lever du jour, on peut voir des dizaines de milliers d’enfants, notamment des filles de moins de 17 ans, prendre d’assaut les rues, les ruelles, les places publiques et les marchés de Cotonou pour la vente à la criée de divers produits, allant des boîtes de conserves aux produits maraîchers, en passant par le pain ou encore l’eau glacée.

« Les causes de ce fléau sont essentiellement la pauvreté des familles et des communautés, le manque d’opportunités économiques locales pour les jeunes et la déviance de la pratique de placement de l’enfant », estime le sociologue Alfred Tchaboua qui explique que ces enfants, pour la plupart issus de parents pauvres, sont confiés à des tuteurs qui les exploitent à des fins économiques.

« Ma patronne me réveille très tôt le matin pour faire le feu, chauffer l’eau, m’occuper de ses enfants. Je dois aussi nettoyer la maison avant d’aller vendre de l’eau glacée sur l’esplanade du stade de l’Amitié de Cotonou. Régulièrement, on m’insulte, on me prive de repas et on me bat », confie Akuavi, 15 ans, debout sous un soleil accablant avec une glacière d’eau fraîche sur la tête, à la devanture d’un stade.
A l’instar de cette adolescente, des milliers de garçon de moins fourmillent sur les chantiers de constructions de bâtiments ou dans les ateliers, non pas pour apprendre, mais pour servir de mains d’œuvre gratuite.

« Mon père m’a confié à mon patron pour que je travaille avec lui sur ses chantiers de construction de bâtiment, en attendant mes 18 ans pour apprendre le métier de maçon », explique Simon, âgé d’à peine 10 ans.
Au Bénin, le troisième recensement général de la population , réalisé en février 2002, révèle que le nombre d’enfants travailleurs de 5 à 14 ans est de 484.354 dont 276.081 garçons et 208.273 filles, sur une population estimée à plus de six millions d’habitants.
Selon cette enquête, les enfants travailleurs se retrouvent dans une cinquantaine d’activités regroupées autour de l’artisanat, du commerce informel, de la restauration populaire et du secteur domestique.

« L’artisanat occupe les garçons qui affirment y apprendre quelque chose alors que le commerce ambulant qui prédomine est réservé prioritairement aux filles exposées aux risques d’accident de la circulation et au harcèlement sexuel », révèle la même étude.
La Convention relative aux droits de l’enfant stipule que « l’enfant a le droit d’être protégé contre l’exploitation économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social ».

Ces droits sont confirmés dans la législation béninoise notamment le code du travail du 27 janvier 1998, qui interdit le travail et l’apprentissage aux enfants de moins de 14 ans, mais qui autorise pour les enfants de 12-13 ans un travail léger qui n’a pas d’impact sur leur santé.
De même, un décret interdit le travail de nuit et tout travail nuisible à la santé ou à la sécurité de l’enfant (travail dans les mines, transport de lourdes charges).

Depuis 2004, l’âge minimum pour faire du commerce a été fixé à 18 ans par le code des personnes et de la famille. Enfin la convention 182 du BIT, adoptée par le Bénin, protège les enfants contre les pires formes du travail des enfants.